Espace d'émergences musicales

Comment se faire repérer en tant qu’artiste émergent·e ? Si Rodolphe Rouchaussé confie que le mythe du self-made artist s’est éloigné, il engage à se doter d’une bonne dose d’acharnement pour percer. « Il faut provoquer les choses ! Il ne s’agit plus d’enfoncer mais de défoncer les portes ».

1. S’or-ga-nis-ser

Le chargé de production et de diffusion invite tout d’abord les artistes à se confronter à la réalité du terrain et « à mettre les mains dans le cambouis ». Afin de répartir les tâches, il conseille d’ attribuer des rôles à chaque membre du groupe selon leurs affinités ou compétences : l’un·e sera plus à l’aise en communication, l’autre en booking, un·e autre encore sur la régie et la technique… L’astuce est également d’avoir un ensemble d’outils et de documents partagés (agenda, fiche technique, éléments de présentation, photos, listing de contacts…) à jour et accessibles à tout le monde. Il rappelle enfin l’importance de faire un rétroplanning détaillé (si le concept ne vous est pas familier, vous trouverez des modèles sur le web !) pour chaque action développée (tournée, sortie d’album, clip etc).

2. Solliciter un avis professionnel

« Avoir l’avis des potes est toujours bien, mais cela ne suffit pas au bout d’un moment… » avertit le professionnel. Si la marche suivante paraît impressionnante, il rassure : il n’est pas forcément question de solliciter, d’emblée, la programmation. En effet, le réseau des Scènes de musiques actuelles (SMAC) et des autres structures d’accompagnement sont souvent composées d’une personne chargée de l’accompagnement, qui peut aider à situer le projet.

« Cela peut briser quelques rêves, mais il va falloir se confronter à cette étape dans tous les cas » ajoute-t-il. Préciser son niveau d’ambition permet par ailleurs d’être au clair sur ses objectifs.

3. Ne pas surévaluer ses demandes

Dans un contexte de réduction des moyens publics en soutien à la création, Rodolphe Rouchaussé tord le cou à une vieille croyance. Il conseille en effet de « NE PAS gonfler ses budgets dans un dossier de subvention » (augmenter le montant ou le nombre de cachets par exemple) et préconise d’être le plus réaliste possible. Le risque est double, selon lui : que la collectivité écarte le dossier par manque de crédibilité ; ou qu’en cas de soutien, l’artiste ne puisse justifier avoir atteint le budget initial et ne touche donc pas le solde de sa subvention. En revanche, il peut être intéressant de lister des actions supplémentaires qui seront mises en place selon les moyens recueillis.

4. Songer à la pluriactivité

S’appuyant sur l’expérience de plusieurs artistes qu’il accompagne, le professionnel constate un réel intérêt à l’élargissement des activités. « Ce n’est pas qu’un moyen de diversifier ses revenus, mais cela permet de s’enrichir artistiquement, de se confronter à différents publics et de s’affirmer sur scène » explique-t-il. Écrire pour d’autres, se lancer dans la musique à l’image ou pour le spectacle vivant, développer des collaborations, participer à des actions culturelles ou proposer des bords plateaux sont autant de façons de développer ses compétences et ses réseaux.

« Il faut évidemment en avoir envie, mais sortir un peu de sa zone de confort permet de nourrir sa pratique ».

5. Investir les réseaux sociaux

D’après Rodolphe Rouchaussé, la communication digitale est devenue un axe incontournable dans le développement des artistes. Une approche qui nécessite autant de créativité que de technicité pour dompter les algorithmes et transformer les “sponsos” en followers et donc en notoriété. Un paramètre que les professionnel·les regardent à présent, pour programmer. Son conseil est donc clair : soit s’entourer, soit se former. Pour un premier pas, retrouvez les tips d’Hans-Paul Landrière sur le sujet !

Rédaction : Julie Haméon