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Interview

Pumpkin : « Le Summer Camp : un endroit où échanger, faire du réseau, se sentir bien et pratiquer »

Le 14 avril 2025 — par Trempo

Rappeuse déter et engagée, Pumpkin est coordinatrice pédagogique du Summer Camp dont la dernière (!) édition se tiendra cet été. L'occasion de retracer le chemin parcouru tout au long de ces cinq années.

Lancé en 2021, le Summer Camp est le fruit d’une rencontre. Peux-tu nous la raconter ?

En 2019, j’ai lancé l’initiative La.Club de façon bénévole, avec pour but d’aller dénicher des rappeuses n’osant pas, à priori sortir de leur chambre. J’ai eu besoin d’un lieu et Trempo a accepté d’accueillir le projet en mettant à disposition un studio. J’y ai rencontré Raphaèle Pilorge (responsable de l’action culturelle) qui était justement en réflexion quant à la création d’un stage de pratique amateur autour du rap. Nous avons alors mis en commun nos compétences respectives pour lancer ce qu’est devenu le Summer Camp. 

Quels étaient le contexte et les enjeux à l’époque ?

Il n’y avait quasiment pas de femmes sur la scène rap locale. Je parle volontairement de femmes car au départ de notre réflexion, nous étions limitées à cette population. Nous avons élargi l’année suivante aux minorités de genre. Nous avons choisi de mener ce projet en mixité choisie avec l’intuition qu’il y avait un véritable besoin de créer des safe places de parole. L’expérience de La.Club l’avait démontré : initialement orienté autour de la pratique du rap, les discussions glissaient très souvent sur les questions de confiance en soi, de mauvaises expériences vécues et de tout un tas de sujets que nous n’osions pas forcément avoir en présence d’hommes cis. Notre idée pour le Summer Camp a donc été de créer un endroit où échanger, faire du réseau, se sentir bien et pratiquer. Devenir meilleures* aussi, acquérir de nouvelles compétences et se sentir plus fortes psychologiquement. 

Qu’est-ce que cela à permis d’initier ? 

Dès l’issue de la première année, le collectif xxfly s’est créé. Puis chaque année, nous avons invité les anciennes promotions sur le stage. De sorte que le réseau a grandi, quand les rappeuses des années précédentes rencontraient les nouvelles lors de la journée “inter-promos”. Progressivement, le Summer Camp s’est ouvert au national et les connexions se sont élargies.

Aujourd’hui, nous arrivons à des dizaines de personnes et ce réseau, très actif, se nourrit de lui-même. Les artistes sortent des projets ensemble, collaborent, se proposent en première partie, font des open mic, relayent les sorties des unes et des autres…

Nous avons amorcé un lien mais cette entraide se tisse ensuite naturellement. Le Summer Camp apporte une attention particulière à l’humain, l’écoute, la bienveillance. Ces valeurs infusent en permanence pendant le stage, et j’ai le sentiment que les stagiaires repartent armées de ça, imprégnées de ce vécu très fort et qui nous lie.

En quoi l’état des lieux aujourd’hui est-il différent par rapport à 2019 ?

Cela n’a rien à voir ! Personnellement, je n’arrive même plus à suivre tout ce qui se passe. La.Club a permis de dénicher des rappeuses et leur donner confiance, le Summer Camp de les accompagner et de créer des cercles. Dans les faits, la première année, il a fallu aller les chercher une à une car très peu de personnes osaient s’inscrire. Et les craintes exprimées à l’époque continuent à exister : le manque de légitimité, le sentiment que quelqu’un mérite plus que soi une place, de ne pas être assez forte, d’avoir peur… Il a fallu une énergie importante pour lancer la dynamique, mais aujourd’hui il s’est constitué un pool d’ambassadrices, et nous recevons une soixantaine de candidatures de toute la France !

A quels obstacles avez-vous dû faire face ?

La notion de mixité choisie a dû être argumentée au départ. Des acteurs du rap et des acteurs culturels locaux nous ont également regardées d’un œil amusé, dubitatif… notamment parce que nous nous adressions à des personnes ayant une pratique amateure. Pourtant, l’ambition de ce stage n’a jamais été d’en faire des rappeuses professionnelles. Ce qui nous importe c’est que des personnes s’autorisent, se sentent légitimes, aient des outils pour se lancer. Au bout d’un moment, certaines vont développer des velléités de professionnalisation, mais dans un effet domino.

La création Grand bruit est une réponse à cette critique. Sortie en 2025, elle est une manière de mettre en valeur des artistes toustes sorti·es du Summer camp, qui ont envie de se professionnaliser et qui, selon moi, méritent et ont le niveau. Le message que l’on souhaite lancer est « Attendez, donnez-nous un peu de temps et d’argent, et vous allez voir… ».

Chaque année, nous avons dû surmonter des obstacles. La première année a été très intense émotionnellement et nous avons décidé de faire intervenir une psychologue pour nous accompagner et accompagner les stagiaires. Il y a eu la question d’ouvrir aux minorités de genre, des difficultés pour financer le stage aussi. Nous avons également accordé une grande importance à la remise en question de nos pratiques, pour qu’à chaque édition, le stage ait le meilleur impact possible. Aujourd’hui toutes les personnes qui mettaient en doute l’utilité de cette démarche ont pu se rendre compte de ses effets. 

Tu es perçue autant comme activiste que rappeuse : comment cette expérience a-t-elle fait évoluer ta carrière ?

J’aime rappeler que je suis artiste avant tout. J’essaie simplement de faire gagner du temps à d’autres, à des endroits où cela a pu être très long pour moi. Porter ce type de projet peut aussi me ralentir d’une certaine façon : je deviens la personne qui fait de l’action culturelle et de la transmission. Mais j’ai été bercée par les valeurs du hip hop et si j’en suis là aujourd’hui, c’est parce que j’ai bénéficié du soutien de beaucoup d’artistes – principalement d’hommes jusqu’à il n’y a pas très longtemps – qui m’ont pris sous leur aile à certains moments, m’ont donné des conseils, m’ont offert des opportunités de monter sur scène avec eux, de collaborer…

C’est comme cela que ça fonctionne dans le rap : il n’y a pas d’école, c’est tout l’inverse. Pour moi, c’est une forme de responsabilité, un devoir de faire profiter mon expérience à un maximum de gens. Ma réflexion aujourd’hui est de savoir comment je continue à me rendre utile, de manière pertinente, dans un contexte qui a changé.

Grand Bruit, sur laquelle je suis directrice artistique, s’inscrit dans la suite logique : je passe la main. L’année dernière, j’ai aussi officiellement été mentore pour la première fois via le programme WAH! de la Fedelima. Si je me suis autorisée à jouer ce rôle, c’est justement ce que j’ai pu développer et vivre à La.Club et au Summer Camp. Cela m’a donné la confiance de me dire que j’étais arrivée à un stade de ma vie où je pouvais apporter des choses aux autres. Cela ne m’empêche pas d’avoir de l’humilité, me rappeler que tout est imparfait et qu’il s’agit d’un work in progress. Et je n’oublie pas que ma priorité reste mes projets artistiques car je tiens fermement à défendre le fait que l’on peut faire les deux, voire les quatre ou cinq… dans mes activités, il y a beaucoup de choses différentes !

Que peuvent attendre les participantes de cette dernière édition  ?

Sur cette 5e édition, nous restons sur un programme de cinq jours avec des temps pour travailler sur la relation avec le ou la beatmaker, l’écriture et l’enregistrement. Il y a également un atelier vidéo. La soirée du jeudi soir, qui se déroule sur la terrasse de Trempo, est aussi devenue un rendez-vous incontournable. Elle démarre par un plateau radio et en général un freestyle des stagiaires, ensuite une programmation avec cette année un live de Vicky R et un open mic d’une heure trente absolument incroyable à vivre ! De l’aveu de toustes, c’est l’open mic le plus fort auquel tout le monde a participé. 

C’est donc la dernière édition du Summer Camp : que peut-on dire sur la suite ?

Pour le moment, je ne peux pas donner énormément d’informations sinon dire qu’avec ce cycle de cinq ans, nous avons la sensation d’avoir fait énormément déjà. Il nous semble important de faire une pause pour réfléchir et inventer la suite sans se précipiter. Le réseau acquiert aussi une forme d’autonomie, et c’est une bonne chose. 

*La majorité des stagiaires s’identifiant comme appartenant au genre féminin, nous choisissons d’utiliser le féminin dans cet article.

Le Summer Camp est gratuit. Les candidatures sont ouvertes à toute la France jusqu’au 20 avril.

➝ Infos et candidatures


Interview et rédaction : Julie Haméon · Photo : Margaux Martin’s

Le Summer Camp est un stage de rap collectif en mixité choisie. Pendant cinq jours, il réunit des rappeuses amatrices autour d’artistes confirmées de la scène rap et de professionnelles de la musique pour quarante heures de pratique musicale en studio. La 5e édition se tiendra du 30 juin au 4 juillet 2025.

Le Summer Camp est gratuit. Les candidatures sont ouvertes à toute la France jusqu’au 20 avril.

➝ Infos et candidatures

Le Summer Camp est organisé par Trempo en partenariat avec La.Club. Il est financé par le Centre national de la musique et encore!, le fonds de dotation du groupe Chessé. Avec le soutien des Filles de l’Ouest.