Altiste, Maëlle Desbrosses se tourne vers les musiques improvisées au sortir de...
Samir Aouad, jusqu’au bout du oud
Le 7 novembre 2022 — par Louise Plessier
Depuis qu’un oud lui a été mis dans les mains durant son enfance, le parcours musical de Samir Aouad s’apparente à des montagnes russes. Après un envol très rapide au sein du groupe Egyptian Project et un atterrissage aussi brutal, Samir défend aujourd’hui son propre projet, que Trempo accompagne depuis novembre 2021 via le programme 360. Il célèbrera le 9 novembre à Pannonica la sortie de son premier EP.
Originaire de Casablanca au Maroc, Samir n’est pas un joueur de oud ordinaire. Neveu du célèbre Haj Youness, connu comme l’un des meilleurs joueurs de l’instrument au monde, Samir commence la musique par la pratique du piano. Étonnamment, sa rencontre avec le oud n’implique pas son oncle, mais un enseignant au conservatoire de Casablanca qui le convainc de faire un cours d’essai. Samir a huit ans, mais joue avec une facilité déconcertante. Ses doigts sur les cordes d’un oud ? Une évidence ! Considéré comme « l’enfant prodige » du oud au Maroc, Samir partage la scène avec son oncle, enchaîne les apparitions à la télévision et finit le conservatoire en seulement cinq ans. Plus tard, l’adolescent prend un tournant radical dans sa pratique musicale : il rejette le oud et va jusqu’à casser ses instruments. Il entame alors une relation exclusive avec la guitare et… le black metal. À l’aube de l’âge adulte, c’est finalement le flamenco et notamment l’œuvre de Paco de Lucia qui décrochera son cœur.
« Les retrouvailles avec l’instrument ont été instantanées »
Samir s’offre une guitare flamenca et s’attèle à reproduire les morceaux de Paco de Lucia à la note près. En 2009, il fait la connaissance d’un musicien de Oud. « Il ignorait que je savais en jouer, il ne me croyait pas ! Alors il m’a dit : « tiens, joue ! ». Les retrouvailles avec l’instrument ont été instantanées ». En deux ans, et sur le nouveau oud offert par son oncle, Samir retrouve toute sa technique. En parallèle de ses études en droit des affaires, le musicien se retrouve à jouer dans le groupe Egyptian Project en France, en Angleterre, en Egypte… Très vite, il abandonne la préparation du barreau et obtient son intermittence avant que le groupe ne s’arrête brutalement en 2018.
Contraint de repartir de zéro, Samir enchaîne les petits boulots avant d’animer des ateliers de oud au Conservatoire de Nantes. Quand le covid pointe le bout de son nez en 2020, il profite du confinement pour se plonger dans la composition et la création de son propre projet. Un an plus tard, il postule au dispositif de Trempo, 360 jazz.
« En un an, on a eu un projet musical professionnel prêt »
À la hâte, il s’entoure de Olivier Besson au saxophone et de Rémi Allain à contrebasse pour présenter son projet devant le jury de professionnel·les. Les compositions séduisent, le projet obtient l’unanimité et est reçu pour intégrer le dispositif de développement de carrière. Pendant un an, le trio est suivi par l’équipe de Trempo qui lui donne accès aux studios de répétition et d’enregistrement, organise des résidences (au Carré d’Argent à Pontchâteau, à Pannonica à nantes), programme des séances de coaching scénique et vocal.
Au-delà de l’accompagnement artistique, Samir, Olivier et Rémi sont aiguillés sur la gestion et la structuration du projet et bénéficient d’actions de prescription auprès des professionnel·les. L’accompagnement passe aussi par des conseils en communication, des shootings photos, la réalisation d’une vidéo live… « Habituellement, il faut payer le prix fort pour tout cela. Là, tout était inclus dans le dispositif. En soi, n’importe qui peut le faire, mais si tu investis de ta poche, tu mettras quatre ou cinq ans à faire ce que l’on a fait en un an. Nous sommes sortis avec un projet musical professionnel prêt ».
L’aboutissement de cette aventure 360, c’est la sortie d’un EP enregistré et produit dans les studios de Trempo. Samir Aouad le présentera le 9 novembre prochain en concert, aux côtés de Sarah Murcia et Kamilya Jubran dans la salle du Pannonica. L’artiste se produira également le 16 novembre à Rabat (Maroc), à l’occasion de Visa For Music, l’un des principaux rendez-vous professionnels des musiques d’Afrique et du Moyen Orient.
« C’est le oud qui parle, du début à la fin »
Pour composer, l’artiste travaille généralement la nuit, vers trois heures du matin, avec le oud pour seul confident. Il raconte en musique son histoire personnelle, empreinte des moments de joie comme de deuils et exprime toute la palette des émotions qui le traversent. En plus du récit de sa vie, la musique de Samir est aussi un combat pour l’instrument et la musique classique arabe.
À la manière de Paco de Lucia avec sa guitare, Samir tient à montrer tout le potentiel du oud. « On a généralement une vision réductrice de l’instrument. Dans mon projet, il n’accompagne pas les autres instruments, c’est lui qui parle du début à la fin. Je reste dans mon monde, le saxophone reste dans son monde, il ne s’agit pas de faire « à la manière de », mais de s’accorder.».
Des projets, il en a plein la tête et plein son agenda : un showcase en janvier, la création d’un orchestre de musique classique arabe avec son association Les Luths du Monde, un album prévu pour l’hiver 2023/2024… « Je défends beaucoup le oud, sa culture et ses racines. Je tiens à montrer que cet instrument est capable de tellement de choses, qu’il n’est pas juste associé au couscous et à la danse orientale ». Dans cette optique, son répertoire sera aussi joué par l’orchestre à cordes du Conservatoire de Nantes, présenté dans les écoles et rendu accessible au plus grand nombre. Avec sa casquette de musicien compositeur, mais aussi d’enseignant, Samir est déterminé à rendre à son instrument ses lettres de noblesse !
En concert
Mercredi 9 novembre
Pannonica, Nantes
Samir Aouad + Sarah Murcia et Kamilya Jubran
Plus d’infos
Du 16 au 19 novembre
Visa For Music, Rabat – Maroc
Plus d’infos
Samir Aouad est accompagné par Trempo dans le cadre du programme 360, en partenariat avec le CRDJ, Collectif Régional de Diffusion du Jazz en Pays de la Loire. 360 est financé par la Région des Pays de la Loire.
Contact
Karim Bennani
Responsable de l’accompagnement
karim@trempo.com