Espace d'émergences musicales

Animer l’imaginaire des élèves

Quatre scénarios issus de l’exposition sont soumis aux élèves dès le début du projet pour leur permettre d’orienter leur imaginaire.

• Incorporation est l’un des deux scénarios dit « radicaux ». Face aux lourdes conséquences environnementales de l’activité humaine, il envisage une fuite vers l’innovation et la haute technologie.
• Négociation s’axe vers la poursuite de la métropole dite « horizontale » mais qui, dans sa volonté de toujours s’étendre, doit à présent négocier avec les espaces naturels. 
• Infiltration correspond à une démarche de reconquête déterminée du territoire urbain par le vivant.
• Sécession est le deuxième scénario radical. Il remet fortement en question la capacité de la métropole à façonner des mondes viables et résilients, et propose de quitter la ville pour imaginer d’autres organisations du territoire.

Muni·es de leurs scénarios, les élèves sont immergé·es dans une friche horticole. À leur arrivée, ils et elles découvrent avec étonnement ce paysage inattendu, si près de leur collège.. Les voilà donc prêt·es pour démarrer “l’arpentage” mené par Lucille Vinchon de l’ARDEPA.

Lucille : « La zone d’arpentage de Rezé a été choisie en raison des transformations qui y sont à l’œuvre. Elle s’étend de part et d’autre de l’autopont de Rezé (encore debout au moment de l’arpentage, aujourd’hui démoli), et de l’axe de circulation nord-sud qui mène de l’Hôtel de Ville à la Loire. Ces deux axes divisent la zone concernée en quatre secteurs, propices à l’exploitation des quatre scénarios de l’exposition. »

Erell Latimier, artiste sonore associée au projet, apporte à l’initiative sa dimension fictive. Elle place les élèves en condition d’écoute et ensemble, ils et elles évoluent sur les quatre secteurs, enregistreurs en main, casques sur les oreilles. 

Erell : “Cela crée une attention particulière et invite les élèves à écouter, à ouvrir l’œil sur l’environnement dans lequel ils·elles se déplacent. C’est la base du projet Sonopolis.”

Ces ressources donnent aux élèves des clés de compréhension pour diriger leurs réflexions. Ils et elles ont choisi un scénario, dédié à un secteur de Rezé dans lequel opérer, enregistrer et se figurer de potentiels aménagements architecturaux à travers le médium sonore et virtuel.

Associer création virtuelle et fiction sonore

Au fur et à mesure de l’arpentage, les espaces naturels et nourriciers s’effacent au profit de la ville, ses activités humaines et surtout, ses bruits. Une matière essentielle aux enregistrements que les élèves effectuent. Couplée à un travail de lecture en lien avec l’exposition, le son est modulé, déformé et monté en studio à Trempo lors de la seconde phase du projet. 

La suite consiste à recréer virtuellement ces paysages pour y intégrer des aménagements, et retravailler les sons de la déambulation pour les intégrer aux réalisations visuelles.

Erell : « Après avoir trié et écrémé les enregistrements, je fournis aux élèves les fichiers audios qui leur permettront – une fois modulés – de constituer leurs pistes sonores. C’est ici que leur imaginaire oppert, que la fiction s’empare du projet. »

Pendant que certain·es travaillent le son en studio, d’autres découvrent Luanti, une réplique du jeu Minecraft. François Roignant, professeur de technologie, commence par fournir aux élèves une carte 3D représentant le quartier de Rezé qu’ils et elles ont arpenté·es auparavant, ce qui leur permet de se projeter plus facilement et de stimuler leur imaginaire. 

François : « À ce moment du projet, les élèves se baladent dans la représentation virtuelle de Rezé et conçoivent les aménagements qu’ils·elles ont imaginé selon le scénario choisi. »

Le travail effectué en amont avec Lucille (ARDEPA) et Erell (artiste sonore associée) prend forme visuellement, une récompense pour les élèves qui peuvent à présent admirer le fruit de leurs idées.

La reconstitution finale propose alors d’apprécier les œuvres dans leur globalité. Joués sur des ordinateurs, les séquences visuelles du jeu sont cette fois-ci accompagnées des pistes sonores créées par les élèves. Le projet devient palpable. Il est désormais possible d’attribuer un scénario et son aménagement virtuel et une piste sonore dédiée pour accentuer le côté immersif de chaque pièce. Une initiative saluée par l’ensemble de l’équipe pédagogique et les familles et proches des élèves venus participer à la restitution du projet Sonopolis au sein même de leur collège.

Photos © Jeoffrey Matseraka