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Reportage

Superorganism, ultime étape du projet européen MagiC Carpets

Le 15 novembre 2024 — par Trempo

Du 18 octobre au 23 novembre se tient à Tartu (Estonie) l’exposition Superorganism. Pendant un mois, les habitant·es de la capitale européenne de la Culture 2024 pourront y découvrir la quinzaine d’œuvres réalisée à travers l’Europe via la plateforme MagiC Carpets. En préambule, l’inauguration regroupait artistes, curateur·rices et professionnel·les (dont Trempo et l’Ecole des Beaux-Arts de Nantes) autour de workshops, tables-rondes et visites guidées.

Superorganism, la super expo

Les œuvres ont été créées lors de résidences chez les quatorze partenaires de la plateforme européenne. Elles ont donc parcouru des centaines voire des milliers de kilomètres pour se retrouver à Tartu. C’est le cas de Sobremesa, de l’artiste Elena Urucatu, originaire de Bucarest. Une installation réalisée en Turquie en 2022, dans laquelle la table du repas devient un objet de mémoire collective qui explore les identités culturelles. Les nappes, collectées dans un quartier d’Istanbul, sont peintes avant que la table ne soit débarrassée, enveloppant les objets pour en conserver les empreintes. Disposée à proximité d’un restaurant, l’installation bénéficie d’odeurs culinaires qui viennent s’ajouter aux souvenirs visuels et auditifs.

magic carpets residence europe 2

Comme Elena, les artistes ont du s’adapter pour présenter leur œuvre à Tartu. Le Nantais Thomas Durand (en résidence MagiC Carpets à Trempo en 2023) souligne les difficultés :

“Cela pose une question de fond sur l’art. Dans quel endroit on souhaite exposer et à destination de qui. Ici, les curateur·rices décident d’un lieu pour l’exposition. Est-ce que cela correspond à ce que les artistes avaient en tête au moment de la conception ? L’œuvre peut être magique à un endroit et perdre de l’intérêt à un autre”.

Une magie qui semble pourtant opérer à Tartu, où l’ensemble des artistes se disent enthousiastes. En marge de l’exposition se tiennent les Symposium, des tables rondes pour approfondir les dimensions philosophiques, sociales et écologiques du concept de “superorganisme”. Durant ces temps forts, artistes, et professionnel·les échangent à propos des voyages, des expériences et de l’art dans l’espace public.

MagiC Carpets, la plateforme

MagiC Carpets a été lancée en 2017 pour soutenir les artistes émergent·es, à travers l’organisation de résidences artistiques dans toute l’Europe. Le projet touche désormais à sa fin. Financée par le programme Europe Creative (Commission Européenne) et le ministère de la culture Lituanien, l’initiative a offert à plus de 300 artistes visuel·les et sonores, une expérience de création in situ et au contact d’habitan·tes.

 

magic carpets residence europe 4

Cette collaboration a également pour objectif d’aller au contact des communautés locales. “Relier les habitant·es et les artistes en un lieu et un moment donné est essentiel et peut souvent devenir viral pour notre art et nos démocraties. Cela nous donne à tous·tes l’occasion de renouer avec l’espace, de nous l’approprier, de l’occuper, de le réinvestir en tant que champ intime, politique et poétique” indique Danijela Jović, Commission Européenne de l’Education.

La collaboration École des Beaux-Arts/Trempo

En 2020, des partenaires avec qui Trempo avait travaillé sur le projet européen EMI lui proposent de rejoindre MagiC Carpets. Trempo s’associent alors à l’école des Beaux Arts de Nantes, pour bénéficier de leur expertise dans le domaine des arts visuels. Ce partenariat donne l’occasion à des étudiant·es et des communautés locales de travailler auprès des artistes  :“Chloé Malaise (en résidence en 2022) avait notamment rencontré les ancien·nes ouvrier·es des chantiers du parc de l’île de Nantes qui avaient réalisé le plan d’un projet, finalement pas abouti. Elle s’en est inspiré pour en faire une œuvre qu’elle a exposée dans la galerie de l’école. Le soir du vernissage, les ouvrier·es sont venu·es à l’expo” Alice Albert, chargée des partenariats à l’Ecole des Beaux Arts de Nantes.

Il y a donc les résidences à Nantes, qui ont permis à d’accueillir des artistes européen·nes (Roumanie, Italie, Autriche, Serbie). Mais aussi des artistes nantais·es, “envoyé·es” en résidence à l’étranger.

“La dernière artiste à être partie s’appelle Claire Amiot (diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts), qui a rejoint la structure Ideias Emergentes à Guimarães au Portugal. Notre partenaire européen participait à une biennale sur le textile. Ça m’a rappelé cette artiste qui travaille ce medium. On peut être force de proposition pour envoyer des artistes nantais·es en résidence à l’étranger, mais aussi accueillir les artistes européen·nes ici à Nantes” Alice Albert.

L’œuvre Soundtrack of an Island

En 2023, les nantais·es Pauline Rouet, Thomas Durand et le serbe Janko Božović ont effectué une résidence artistique d’un mois et demi à Trempo et sur l’île de Nantes. Elle avait avait pour objectif de s’inspirer de l’histoire passée, présente ou future de l’île de Nantes. Ensemble, les trois artistes ont créé Soundtrack of an Island :  un totem coiffé d’un plot de chantier, lui donnant son surnom de magicien. Il comporte des boutons qui, une fois enclenchés, diffusent des sons, des textures et des mélodies. Ces sons ont été enregistrés par les artistes lors de leurs déambulations sur l’île. Une fois modulés, leur diffusion donne au totem des airs de machine futuriste.

Thomas Durand : “ C’est une œuvre faite à Nantes sur Nantes. C’est un marqueur de temps inspiré par la façon qu’a l’île de Nantes de vivre et d’évoluer, incluant notre vision futuriste et sa touche de science fiction”. 

De nombreux·ses curieux·ses étaient présent·es à Tartu pour la performance de Thomas, Pauline, Janko et Fryderyk (qui à rejoint l’équipe artistique pour l’occasion). À ce moment, ce totem traduit parfaitement la symbolique de l’exposition, Superorganism. Janko Božović : “C’est drôle que l’exposition se soit appelée ainsi. L’œuvre n’était pas pensée comme telle mais il est vrai qu’elle comporte tous les éléments d’un super organisme. Son cerveau Bella, ses boutons, son chapeau…” 

Il y a donc eu un avant (la résidence) et un pendant (l’exposition). Qu’en est-il du futur de l’œuvre ? Fryderyk : “De bons souvenirs (rires). L’œuvre va encore rester ici pendant un mois, ce qui nous laisse encore un peu de temps pour en déterminer l’avenir. Nous espérons qu’elle soit rachetée par une personne, une organisation qui continuera de la faire vivre…”

L’exposition Superorganism se poursuit jusqu’au 23 novembre à Aparaaditehas, Tartu (Estonie).
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Photos : MagiC Carpets © Evelin Lumi, AmandineLoget