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Tamisée : professionnalisme pour toustes
Le 26 mai 2023 — par Trempo
Depuis 2022, Misé Records occupe l’un des trois studios de résidence longue loués par Trempo. Derrière le studio se cache l’association Tamisée, qui s’adresse aux artistes amateurs·trices et semi-pros à travers un ensemble de services. L’opportunité pour ces passionné·es de partager une certaine vision de la professionnalisation et de prouver qu’un épanouissement est possible sans passer par la case Paris ou Marseille.
On serait tenté d’ouvrir ces lignes en disant que c’est une belle histoire de plus issue des épreuves du Covid, mais ce ne serait pas très inspiré. Ou encore, on pourrait raconter l’enthousiasme et la détermination de la jeunesse pour exister dans cette industrie musicale, mais ce serait caricatural. On aurait aussi envie d’invoquer la débrouillardise inhérente à la culture hip hop, mais ce serait tout aussi réducteur. Alors reprenons tout depuis le début et tâchons de faire simple.
Au commencement était l’initiative d’une « bande de quartier » de Nantes, à deux pas de l’Erdre. En ces temps de confinement n°1, certains voisins de la rue Colonel Boutin se retrouvent à passer pas mal de soirées ensemble, à créer un home-studio, à échanger sur un projet collectif. Parmi eux, Christophe (informaticien d’origine et actuel coordinateur de l’équipe) s’attelle à monter de toutes pièces détachées leur instrument de travail : un ordinateur adapté à leurs besoins, logiciels inclus.
De fil en aiguille, l’expert en numérique s’intéresse, voit les possibilités d’innovation dans les arts urbains et s’implique davantage dans ce qui va devenir l’association Tamisée. En parallèle, la coloc/home-studio « confidentielle » partagée par Philémon (désormais technicien son sur les Boot Camps de Trempo) et Léo (aka Litvie quand il produit), voit défiler près de 500 artistes en moins de deux ans. Jusqu’à ce jour de novembre 2021 où ladite bande décide de franchir un cap, en découvrant l’appel à candidatures pour louer l’un des studios de résidence longue de Trempo.
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Accompagner, tout en se professionnalisant
La préparation de leur candidature tombe à pic puisqu’elle leur permet d’affiner les réflexions et de mieux définir les motivations. Pour Léo, le constat est simple : « il y a un vrai manque d’opportunités publiques et d’investissements dans ce milieu artistique pour les jeunes qui veulent se lancer et évoluer du niveau de débutant à intermédiaire/confirmé. Assez naturellement, on s’est dit qu’on allait prendre cette place-là pour apporter de nouvelles clefs de formations et d’accès au développement des artistes ». La validation de leur dossier les conforte dans leurs aspirations.
Pour rendre leurs ambitions opérationnelles, ils ont ainsi mis en place une organisation par services – quatre, pour le moment – selon les compétences complémentaires de chacun. En figure de proue se dresse le studio d’enregistrement et de mix Misé Records (géré par Philémon), installé au 4e étage de Trempo depuis février 2022 donc. À cette offre s’ajoutent le département de direction artistique Harmonisée (porté par Romain), le service de management Maximisée (incarné par Victor), ainsi que la branche informatique 0p1timisée (menée par Christophe). Le naming a été pensé jusque dans l’appellation « Misé » qui s’incruste partout et qui signifie « Matérialiser, Identifier, Se rassembler, Épanouir ».
Avec cette approche transversale, l’équipage souhaite « promouvoir le développement des jeunes acteur·rices des musiques actuelles, tant artistique que technique » et se frayer des chemins alternatifs vers leur vocation par voie associative et professionnalisante. Tout en espérant servir d’exemple : « On veut montrer que c’est possible de se professionnaliser en région en se formant sur le terrain, sans diplôme ou écoles privées. On pense que si tu te donnes, tu y arriveras ! Les services de l’asso sont comme des laboratoires où l’on apprend autant que les artistes avec qui on travaille ».
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Un champ d’expérimentation artistique et humain
Et ça ne chôme pas. Sur la soixantaine de noms ayant déjà fait confiance à l’escouade depuis leur arrivée sur l’île de Nantes, on peut citer leur acolyte de toujours Vadek (qui a collaboré à ses débuts avec le Misé Records), la rappeuse-chanteuse Cléo Ladoré, le rappeur Hicham ou encore la chanteuse franco-bolivienne Amankaya Alcon. paulvitesse!, grand espoir de la mouvance hyperpop et dernier sélectionné Buzz Booster, fait aussi partie des artistes présents à Tamisée. L’occasion de rappeler que, bien que le studio et l’association cultivent plutôt un « champ d’expérimentation autour des arts urbains », la porte reste ouverte à toutes les esthétiques.
Parlant de portes ouvertes, on peut poncivement évoquer les embûches semées sur le parcours de cette entreprise collective somme toute assez récente. À l’image de toute affaire naissante, Tamisée est en effet le lieu de doutes et d’instabilités, avec sa part de « clashs et de sorties de route qui les forcent à se structurer ensemble » puisque, comme le souligne Christophe, « La confrontation au réel constitue un des piliers fondateurs. Ce sont des jeunes qui font aussi l’expérience de la vie et des relations… ». Mais cela ne les empêche pas de se serrer les coudes, de travailler et de continuer à avancer : « Tamisée est une petite barque où chacun rame sur la barque. Si tu ne peux pas ramer, on rame pour toi. Mais si tu rames à contre courant, ça ne va pas être possible… Notre force, c’est notre union ! »
Dans ce même esprit fédérateur, la team développe de nouveaux axes qui lui tiennent à cœur, que ce soit côté événementiel avec une carte blanche en préparation à Trempo, des actions culturelles pour amener la musique dans des milieux « éloignés » ou même la création d’interfaces numériques liées à leurs activités… Et les idées originales ne manquent pas, tel que ce concept one shot qui vise à « démontrer les différents services de Tamisée » en une seule journée, et à un tarif défiant toute concurrence, pour que les artistes repartent avec une carte de visite inédite composée d’un kit média, de la production d’un morceau et de la réalisation de son clip en 10 heures top chrono.
Prochaine étape ? Pérenniser les services de l’association et construire un avenir qui leur ressemble en développant les ressources, soutiens institutionnels, mécénat… « Aujourd’hui, ce dispositif qui pouvait sembler utopique commence à faire ses preuves et permet déjà la réalisation de certains de ses protagonistes. Par ailleurs on se rapproche des pouvoirs publics, on fait déjà le lien entre les jeunes et des instances telles que Trempo… ». Espérons que leur trio gagnant accessibilité / accompagnement personnalisé / transmission soit entendu par les bonnes oreilles.
PS : Tamisée recherche activement des locaux complémentaires au studio pour héberger son bureau ! Si vous avez un plan, contactez les : contact@tamisee.fr
www.instagram.com/miserecordz
www.instagram.com/tamisee__
Rédaction : Solange Maribe / Photo : Tamisée
Parmi les 16 studios de Trempo, trois sont dédiés à des résidences « longues » : une location pour deux ans, renouvelable un an. Ils sont destinés à des musicien·nes, groupes, collectifs ou structures qui souhaitent disposer d’un espace de travail en toute autonomie, et font l’objet d’appels à candidatures réguliers.
Les trois studios sont actuellement occupés par La FabSonic, Tamisée (Misé Records) et le collectif d’artistes Marée.