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5 conseils pour écrire une chanson, avec Esther Suel
Le 10 octobre 2024 — par Trempo
Musicienne, compositrice et autrice, Esther Suel est adepte de l'Oulipo, une approche d'écriture qui passe par le jeu, les contraintes et le plaisir. Un jeu d'enfant d'écrire un texte de chanson, alors ? En préambule de la formation qu'elle animera en novembre, Esther Suel livre ses quelques "tips". Comment démarrer, se donner un nouveau souffle ou savoir ce que "vaut" son texte ?
« Malgré sa base populaire, c’est un format exigeant car court, multiple par ses formes. Il faut être en partenariat avec la musique, faire résonner sa propre individualité dans l’humanité. C’est une littérature à part entière » livre-t-elle. Un art contraignant donc, mais « à la portée de tout le monde, pour peu qu’on travaille sa chanson ».
1. Se lancer (le triangle magique)
Pour réussir une bonne recette, il faut déjà de bons ingrédients. « La chanson est un art qui combine du son, du sens, et de l’image. C’est la rencontre entre un univers, une écriture et un imaginaire, entre des sons qui résonnent les uns avec les autres. En termes de sonorités, Nekfeu, par exemple, manie parfaitement les allitérations et les rimes. Il y a aussi le sens : qu’est-ce que je raconte ? Comment je le raconte ? Qu’est-ce que j’ai envie de dire ? Est-ce que je veux raconter une histoire, une sensation, une émotion, une rencontre ? La chanson c’est aussi l’art des images. Certain·es auteurs et autrices font de leurs images abstraites un art (Bashung, Camille, Pomme…), d’autres ont la capacité à imager le réel dans le détail (Thomas Fersen, Angèle, Gaël Faye…).»
Pour se lancer, il faut ces trois ingrédients alors ?
« On peut choisir de ne travailler qu’autour du son ou de l’image, c’est un choix, une contrainte que l’on s’offre à cet endroit-là et qui permet de démarrer. »
2. Être authentique (explorer son propre chemin d’expression)
– « T’en penses quoi, toi, de ce que j’ai écrit ?
– Qu’est-ce que cela te fait, à toi, de l’avoir écrit ? »
« Trouver son propre chemin, cela veut dire chercher, explorer, expérimenter, sentir qu’on arrive à un texte. C’est aussi écrire un bon nombre de choses que l’on trouve inutiles, nulles, qu’on aurait envie de jeter. (Spoiler : surtout, ne rien jeter.) C’est une relation, une chanson. C’est s’engager avec elle, tomber en amour, et puis trois jours après, la détester, mais finalement ne pas la lâcher. » Accepter l’ambivalence de ses sentiments par rapport à ce que l’on a écrit, donc.
Comment sait-on que c’est un bon texte, alors ? « Explorer son chemin à soi, cela veut dire aussi être dans ce que l’on dit. Est-ce que tu es touché·e par ta mélancolie, ta joie, ton humour ? Est-ce qu’il se passe quelque chose, pour toi d’abord ? S’il ne se passe rien pour soi, il ne se passera pas grand-chose pour l’autre. S’en remettre à son authenticité, en voilà un bon conseil.
« Un bon texte, on pourrait dire que c’est un texte qui touche, que l’on retient. Mais la poésie est individuelle, singulière, il faut surtout ne pas passer à côté de soi. »
3. S’exercer (l’inspiration est un élan, le reste c’est de l’entraînement)
« Il faut se défaire de l’image de la personne qui se lève le matin, et écrit une chanson parfaite. Je n’ai pas rencontré d’auteurs et autrices qui vivent cela. L’inspiration est un élan. C’est se dire « je vais écrire là-dessus », penser un premier couplet, avoir les quatre premiers vers… C’est un souffle, un désir, un premier pas pour amorcer un mouvement, mais cela ne suffit pas. Si le reste ne vient pas, c’est parce qu’il faut aller le chercher. Faire évoluer l’histoire, c’est du travail, un entraînement. (Scoop : ce n’est donc pas si « magique » cette affaire !)». Dépasser l’auto-censure, pratiquer avec patience et persévérance.
« On exerce son cerveau et cela va porter ses fruits. Ce n’est pas l’inspiration qui va grandir, c’est l’imaginaire qui va fleurir, le vocabulaire, les mécanismes. »
4. S’outiller (utiliser les outils à sa portée)
« Je suis une fervente adepte de la contrainte d’écriture, elle libère totalement. Sinon on tourne toujours autour d’un sujet, on raconte la même chose, on ronge son os, un peu comme une psychanalyse qui n’en finit jamais. Il faut savoir aller ailleurs, dans des territoires inconnus, et cela passe par les outils. Des contraintes d’écriture – ce que l’on va pratiquer pendant le stage, un mot pioché dans le dictionnaire… » Un bon tip pour contrer le syndrome de la page blanche ! « Les chansons déjà écrites aussi sont intéressantes, pour repérer ce qui nous touche dans l’écriture des autres ».
Un dernier outil très simple : l’observation. Ce que l’on voit, ce que l’on lit, une sensation, un manque, un souvenir, un bonheur… tout est sujet. »
5. Ne rien jeter (la gomme et le blanco, à la poubelle !)
Un dernier conseil très concret : « Proscrire la gomme et le blanco, c’est-à-dire, ne jamais effacer ce que l’on écrit. Cela peut revenir un an, deux ans après, faire des petits. » Qu’en fait-on alors de tout cela ? « C’est intéressant d’avoir toute une banque de notes, même une phrase, un mot.»
« J’écris beaucoup de mots qui me plaisent, dans un mémo. Et puis, à un moment donné, je les reprends. »
Les prochaines formations avec Esther Suel :
Écrire et composer des textes pour la musique
Du 25 au 29 novembre 2024, Trempo
➝ Plus d’infos
Rédaction : Julie Haméon
Photo : Summer Camp 2022 © Margaux Martin’s
Les prochaines formations avec Esther Suel :
Écrire et composer des textes pour la musique
Du 25 au 29 novembre 2024, Trempo
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