Espace d'émergences musicales

Les premiers conseils de Lola Chevallier ne sont pas des outils, des techniques de relances subtiles ou des tips de vente… mais font appel à des compétences, des savoir être, voire des désirs profonds. Pour commencer, elle propose même de se poser une question…

1. Suis-je au bon endroit ?

Bookeur ou bookeuse, « c’est un métier qui demande d’avoir beaucoup de cordes à son arc : communiquer, vendre, construire un budget, avoir une pensée synthétique et stratégique ». Un métier très complet dans lequel on se retrouve « à côté de l’artiste, de son entourage, pour les accompagner dans la construction d’une carrière ». Un rôle qui demande de l’investissement, de l’engagement. Suis-je au bon endroit ? Ai-je les compétences ou ai-je envie de les acquérir ? Suis-je prêt·e à y consacrer le temps nécessaire ? Lola prend l’exemple de personnes qui se lancent pour aider un·e ami·e à trouver des dates, ce qui peut générer frustrations et attentes. Elle conseille de formaliser un contrat d’engagement : « dans quelle direction nous allons et comment y parvenir ensemble ».

Suis-je au bon endroit ? Ai-je les compétences ou ai-je envie de les acquérir ? Suis-je prêt·e à y consacrer le temps nécessaire ?

2. Avoir le sens du relationnel

Le second conseil a trait à un savoir être. Dans ce métier, le relationnel est important : « il faut faire preuve de pédagogie, entendre, écouter, pour construire une collaboration ». Métier charnière entre une multitude d’acteurs et d’actrices (manageur·se, artiste, attaché·e de presse, salles, festivals..), il demande d’être à l’aise dans les interactions, d’avoir une certaine « dextérité sociale et de communication ». Il s’agit aussi d’être « représentant·e de l’artiste », ce qui nécessite de soigner la façon dont on se présente et dont on présente le projet artistique.

Être à l’aise dans les interactions : manageur·se, artiste, attaché·e de presse, salles, festivals…

3. Se sentir l’âme d’un·e travailleur·se de fond

Le booking est incontestablement un travail de réseau qui « prend du temps, se construit, et s’entretient aussi ! » souligne Lola. Il requiert de la ténacité. Pour tenir sur la durée, elle conseille de ne pas perdre de vue son objectif, garder le cap, car « les routes sont diverses, et les chemins sont plus ou moins longs ». Comment sait-on que nous sommes sur la bonne voie, alors ? Pour ne pas se décourager, Lola conseille de prendre parfois un peu de recul : « entre l’objectif final – qui peut sembler lointain – et le point de départ, il y a plein de petites étapes au milieu ».

« Chaque étape étant une petite victoire qui construit une carrière d’artiste, et une carrière de bookeur ou bookeuse ».

4. Mettre du cœur à l’ouvrage

Bookeur ou bookeuse est un métier complet et exigeant qui trouve son équilibre dans l’amour même de la musique ou du spectacle défendu. « Quand on parle avec le cœur, c’est ce qui fait la différence » rappelle Lola Chevallier. Être sincère, y croire soi-même car « il faut être convaincu·e de ce que l’on fait pour convaincre ». D’où l’importance d’être au bon endroit, alors « c’est beaucoup plus simple ». Mettre du cœur à l’ouvrage c’est aussi rester curieux·se : rester à l’affût de ce qui se passe, se crée. 

« Cela vient nourrir ses compétences, construire des références, une culture. Cela permet aussi de découvrir de nouveaux projets, de ne pas rester complètement auto-centré·e autour des artistes que l’on défend ».

5. être organisé·e et rigoureux·se

Plus pratico-pratique, ce métier demande de la rigueur pour organiser son travail et entretenir son réseau. « Il faut faire un suivi très précis de ce que l’on a transmis, échangé, discuté car, dans la somme de choses à penser, on va les oublier » et cela peut être préjudiciable à la relation avec un·e professionnel·le. Avoir un fichier de contacts bien renseigné, être synthétique et efficace dans l’information que l’on transmet, faire attention aux détails, soigner ses supports pour ne pas dévaloriser son travail, être attentif·ves à soigner la relation humaine et – non, vous n’y couperez pas – aller sur des festivals et rencontres professionnelles qui sont de véritables « accélérateurs de réseau ».

Avec tout cela, voici déjà de quoi vous préparer à cette nouvelle fonction.
Alors prêt·e pour vous lancer ?

Prochaine formation avec Lola Chevallier :

Élaborer une stratégie de recherche de dates : le booking
Les 20 et 21 janvier 2025 à Trempo

Rédaction : Julie Haméon · Photo : Chama Chereau