TIPS ! 5 conseils pour travailler son interprétation scénique, avec Annaïck Domergue

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5 conseils pour travailler son interprétation scénique, avec Annaïck Domergue

Le 9 décembre 2024 — par Trempo

Comédienne et metteuse en scène, Annaïck Domergue a l'habitude des planches de théâtre, plus que des scènes de concert. C'est avec ce petit pas de côté qu'elle accompagne les musicien·nes dans un travail parfois négligé : celui de l'interprétation scénique. En parallèle de la formation qu'elle donne à Trempo, elle livre quelques premiers tips pour habiter la scène, avec authenticité.

Face à l’exercice de la scène, nous ne sommes pas à égalité. Par notre personnalité et notre expérience, nous ne partons pas du même pied. Notre façon de l’investir, notre capacité à prendre la lumière, à incarner nos textes peut être une évidence, comme une pensée angoissante… Comment prendre du plaisir et en donner à son public ? Comment dépasser la simple présence pour accéder à une véritable interprétation scénique ? Pour se lancer dans la grande aventure scénique, Annaïck Dommergue nous aide à lever les premiers verrous.

1. Se libérer de sa technique

La coach est formelle : le prérequis est de « travailler tellement sa technique qu’on s’en libère ». Pour ne pas être happé·e par le mental, il est essentiel d’avoir la maîtrise technique de ce que l’on joue, afin de passer « en mode automatique ». C’est alors, et seulement alors, que la musique va pouvoir passer… dans le corps, et que l’on va pouvoir commencer à travailler l’interprétation. Pour cela, on applique une méthode, appelée au théâtre « les italiennes » : répéter ses textes, en enfilade, sans jeu, pour les mémoriser, simplement. Bien sûr, il est plus difficile de répéter ses notes de musique sous la douche ou en faisant la vaisselle… Pour un·e musicien·ne, « l’idée est de tellement répéter ses morceaux qu’ils deviennent un automatisme, on ne pense plus à ce que l’on fait et cela laisse la place à autre chose – un peu comme la conduite d’une voiture » avise Annaïck Domergue. Il faut donc travailler. Un conseil « basique mais ancré dans la réalité ». Une sorte de pré-requis nécessaire pour passer le niveau 2 du jeu…

« l’idée est de tellement répéter ses morceaux qu’ils deviennent un automatisme, on ne pense plus à ce que l’on fait et cela laisse la place à autre chose – un peu comme la conduite d’une voiture »

2. Le corps, le corps, le corps

Une fois la tête en ordre de marche, passons à la suite. « La scène, c’est le corps ! » lance Annaïck Domergue. La coach invite donc à le ramener au centre de sa pratique et à le questionner. Qu’est-ce que je fais de mon corps ? Comment je le déploie ? Qu’est-ce qu’il raconte ? Dans quelle histoire je vais l’emmener sur scène ? La scène est un « espace de jeu, de liberté dans lequel on peut tout s’autoriser (ou presque !) ». Casser les codes, les schémas, jouer de dos pourquoi pas… être audacieux·se, en phase avec ce que l’on a envie d’incarner. Pour ressentir son corps, elle s’appuie sur des exercices d’improvisation et d’interprétation empruntés aux techniques théâtrales. Elle invite également à faire des exercices de respiration, afin de se reconnecter à la puissance du présent.

3. Se connecter au cœur

Annaïck Domergue s’amuse : « Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle thérapie ! ». Par cette expression, elle propose plutôt de plonger au cœur de son univers. Qui parle ? Et qu’est-ce que cela raconte ? Sonder ses émotions, en dégager des images. Les voir, les ressentir, pour – dans un effet miroir – les communiquer au public. « On fait de la musique pour soi, mais sur scène on la partage, c’est une histoire qui se raconte à deux » invite-t-elle. L’enjeu est donc de retranscrire et faire vivre les émotions d’une chanson. Et le texte n’en est pas l’unique moyen. Le corps, les yeux, les mains… peuvent exprimer toutes sortes de sentiments.

« On fait de la musique pour soi, mais sur scène on la partage, c’est une histoire qui se raconte à deux »

4. Oser prendre sa place

Que l’on soit un·e artiste confirmé·e, éprouvé·e par ses expériences de tournées, ou un·e musicien·ne n’ayant fait que quatre cafés concerts, le conseil de la coach scénique reste le même : « Se sentir légitime d’être sur scène ! Se dire : « je suis un·e artiste » ». Elle reconnaît cependant que ce sentiment de confiance est inégalement réparti et intrinsèquement lié à l’éducation que l’on a pu recevoir. Elle invite donc à « se libérer de ses croyances limitantes » : ces petites phrases que l’on se répète pour se convaincre que l’on est pas capable de ci, que l’on est pas comme ça… Le premier pas : les identifier, chercher d’où cela peut venir, dénouer et démêler sans se juger, sans se comparer « sinon on ne fait plus rien ». Conscientiser pour travailler, parés de « gants de douceur » et finalement, petit à petit, s’en libérer !

5. Partager sa joie

C’est « une mission essentielle » des artistes aux yeux d’Annaïck Domergue : « apporter de la joie, dans une société qui brise cela ». Se faire vecteur des sentiments humains, inviter le public à se laisser aller à danser, pleurer, être en colère… « C’est un travail de tous les jours », prévient-elle, pour alimenter « cette conscience d’être vivant·e ». Celle-ci devient alors une ressource, une énergie, un moteur. « On peut avoir de la joie même dans les épreuves ». L’artiste qui se connecte à sa joie profonde transcende la scène en un moment inoubliable. À méditer…