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5 conseils pour composer pour l’image, avec Cédric Le Guillerm

Le 27 juin 2024 — par Trempo

Cédric Le Guillerm est compositeur de musique pour l'audiovisuel et le spectacle vivant. Son parcours l'amène de la production électronique à la composition de musique instrumentale. Son truc est de « trouver la musique qui correspond au projet ». Pour opérer, son outil principal : une large palette émotionnelle. En amont de la formation qu'il délivrera prochainement, il livre quelques tips pour se lancer à composer pour l'image. 

Composer pour l’image, déjà, ça veut dire quoi ? Cinéma, publicité, documentaire, fiction, podcast… Avez-vous remarqué cette petite musique qui accompagne l’histoire ? Qui appuie sur vos émotions et vous prend par la main pour vous amener à ressentir une situation ? C’est ça composer de la musique pour l’image. Un savoir-faire qui peut permettre à certain·es artistes de développer leurs compétences afin de « diversifier » sa carrière et ses revenus. En préambule, Cédric prévient : « Toute composition musicale donne lieu à des images. Composer pour l’image, c’est avant tout composer mais avec une sensibilité en adéquation au projet qui porte la musique ». Alors, on se lance ?

1. Désacraliser son logiciel

À l’ère des outils numériques, on aurait bien envie d’ouvrir le capot de son ordi, lancer son logiciel préféré et … se confronter à la piste blanche. Pourtant, Cédric prévient : « Cela reste un simple enregistreur qui permet beaucoup de choses, mais ne nous permettra pas d’avoir de super idées ». Oui, « le hasard, les tâtonnements, les égarements » de la souris ou du clavier MIDI peuvent être créatifs, mais suffiront-ils ? Premier mouvement donc : fermer son clapet, puis ses yeux et écouter ses idées !

2. Explorer ses états de conscience modifiés

Hmm hmm.. Alors, comment faire venir les idées ? Cédric encourage à explorer de nouveaux mondes, qu’il appelle des « états modifiés de conscience ». Rassurez-vous, pas de vaudou, il propose juste de sortir du concept bien contemporain de « productivité » pour s’octroyer des instants de lâcher prise : une sieste créative, une balade, une méditation, une divagation… « Les musicien·nes travaillent avec cet autre espace-temps. Il est important de cultiver ces moments de décalage de conscience pour récolter des cadeaux, débloquer et avancer dans sa composition ». Finalement « oser être créatif·ve, être vraiment un·e artiste » car – celles et ceux qui composent le savent – « la musique vient dans la tête avant tout ».  

3. Exprimer son idée sans détour

Ok, l’idée est là. C’est le moment d’ouvrir l’ordinateur, de créer douze pistes pour faire entendre toutes les subtilités de… Non. Plutôt « trouver le moyen le plus rapide d’exprimer son idée au réalisateur ou la réalisatrice » invite Cédric. Cela peut prendre la forme d’un enregistrement fait soi-même avec un instrument, le passage par un logiciel de notation, ou de façon minimaliste en musique assistée par ordinateur. Historiquement, les compositions étaient réalisées sur un piano et validées ainsi avant d’être orchestrées, rappelle-t-il.

« L’important est d’arriver à exprimer le fond de sa pensée, de savoir si l’idée fondamentale est validée par la personne qui nous commande cette musique. Est-ce qu’elle nous comprend ? Est-ce que c’est la bonne émotion ? ». Cela permet de « ne pas trop vite s’égarer sur la forme, la musique est avant tout de la poésie sans les mots ».

4. Ne pas brûler les étapes

Une fois la ligne fondamentale validée, Cédric met en garde contre un écueil : composer / mixer / arranger, tout en même temps. Il encourage à distinguer les étapes artistiques des étapes techniques. Car malgré la forte polyvalence requise aujourd’hui chez un·e compositeur·ice qui va devoir « livrer le produit final », mélanger les étapes fait souvent s’attarder sur de mauvais endroits et finalement perdre du temps. Il invite donc à bien respecter les étapes : avoir une idée, la faire valider, composer, transmettre aux musicien·nes, enregistrer, mixer. « Nous sommes dans une société où nous voulons un résultat rapide, pris aussi par la forme, et oubliant parfois le fond de ce que l’on raconte ».

5. Ne pas surenchérir à l’image

« La musique de film demande une certaine pudeur, une certaine sobriété, une certaine économie, majoritairement » partage Cédric. Pas la peine donc, de mettre un orchestre symphonique à toutes les sauces, à moins que cela ne soit réellement utile. L’important est surtout de « s’adapter à l’univers existant tout en mettant son empreinte, avec justesse, là où il y a de la place ». Ne pas prendre le dessus, ne pas s’imposer. Pour cela, Cédric appelle à être précis en mettant – très clairement – des mots sur les émotions que l’on souhaite faire passer. C’est d’ailleurs un exercice qu’il propose aux participant·es du stage : mettre en musique des petites phrases telles que « Je voudrais, mais je ne peux pas ». Pour y arriver, il conseille d’ « enrichir son panel émotionnel, sa capacité à comprendre les palettes de couleurs musicales pour pouvoir les retranscrire et les transmettre ».

Un vaste programme d’introspection et d’écoute donc, avant de mettre les mains dans l’ordi !

Prochaines formations avec Cédric Le Guillerm :

Composer et arranger une musique pour l’image
Du 25 février au 21 mars 2025 (10 jours / 70 heures) ➝ Plus d’infos

cedricleguillerm.fr

Rédaction : Julie Haméon · Photo : résidence Transversales © Julia Briend

Prochaines formations avec Cédric Le Guillerm :

Composer et arranger une musique pour l’image
Du 25 février au 21 mars 2025 (10 jours / 70 heures) ➝ Plus d’infos