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Cécile Lacharme joue sur la corde sensible
Le 21 octobre 2022 — par Louise Plessier
On l’a vue aux côtés d’artistes nantais·es, la voici maintenant seule aux commandes. Avec son violoncelle pour seul instrument et un pedalboard, Cécile Lacharme crée des morceaux aux allures de musique de film, inspirés de ses voyages. Deux ans après le top départ de son expédition en solo, la jeune musicienne s’apprête à embarquer pour trois semaines à Reykjavik en Islande, dans le cadre d’une résidence croisée entre Trempo et le collectif artistique Mengi.
Cécile Lacharme n’est pas issue d’une famille de musicien·nes, mais commence le violoncelle dès l’âge de six ans, pour faire plaisir à sa mère. « Elle voulait que chacun de ses enfants intègre le conservatoire pour recevoir une éducation artistique ». La très jeune Cécile veut apprendre le piano, mais les classes sont complètes dans sa ville d’origine, dans l’Aisne. « Ma mère rêvait de voir l’un de ses enfants faire du violoncelle, alors je me suis lancée ! ». Sans frustration, elle commencera le piano deux ans plus tard, mais choisira le violoncelle pour la suite de l’histoire.
Une mélodie pour toucher tous les imaginaires
À 16 ans, Cécile s’interroge sur la possibilité de devenir musicienne professionnelle. Elle passe une audition avec Marc-Didier Thirault, qui est prêt à la prendre en classe de musique classique, mais elle refuse finalement la proposition pour se tourner vers des études plus académiques. Elle étudie le droit puis le management culturel à Nantes, mais n’abandonne pas pour autant sa pratique musicale. Dans l’expérience de cette double vie, Cécile s’ouvre à d’autres styles, comme le jazz manouche. Elle le pratique en impro sur les quais de Seine à Paris et dans les cafés-concerts jusqu’en Asie à durant ses semestres d’études à Singapour, au Cambodge puis à Hong Kong.
Si ses compositions s’inspirent de ses longs voyages en Asie, Cécile n’a pas d’histoire en tête lorsqu’elle compose. Elle prend le violoncelle et se laisse guider par ce qui vient. À l’écoute, les morceaux évoquent la musique cinématographique. Très attachée à la mélodie, Cécile tient à provoquer des émotions et à produire une musique susceptible de toucher l’imaginaire de chacun·e.
« Ma musique doit rester libre à interprétation »
De retour à Nantes à la fin de ses études, elle se consacre enfin pleinement à la musique. « Avant, j’avais douze projets ! Aujourd’hui, j’accompagne principalement la chanteuse Coline Rio, en parallèle de mon projet solo et de quelques projets folk. Jusqu’ici je n’avais pas parlé beaucoup de mon solo. Je n’aime pas me vendre ». Malgré sa discrétion, Trempo lui propose un live sur sa terrasse, en juillet 2021. Coup de chance et surtout de talent, ce premier concert lui ouvre l’accès à un workshop de scénographie en partenariat avec Trempo et l’École de Design.
De janvier à avril 2022, Cécile se voit embarquée dans l’aventure de ce projet mené par Guillaume Marmin (artiste plasticien), Benjamin Boré (architecte) et Maël Pinard (directeur technique) avec les étudiant·es en scénographie de l’EDNA.
Le projet est un défi pour l’artiste qui craint « un oubli de la musique » et une frustration de l’imaginaire au profit du visuel. « Ma musique doit rester libre à interprétation. Je voulais vraiment garder cette idée d’abstraction pour laisser le public se l’approprier et vivre son propre voyage ». Pour ne pas trahir son travail, Cécile oriente les étudiant·es sur le travail de l’abstrait. « C’était une expérimentation totale, on est allé·es dans une direction à laquelle je n’aurais jamais pensé. C’était passionnant ! ».
En vue de la restitution du projet sur la scène du club de Trempo en avril 2022, la soliste en profite pour s’entourer d’un ingénieur son et travailler sur un live immersif 360°. Au-delà de ce concert unique, qui affichait d’ailleurs complet, Cécile emporte avec elle des billes qu’elle compte bien rejouer dans la création d’une future expérience immersive mêlant techniques sonores et visuelles.
Un voyage de plus à son archet
En mars 2022, Cécile remporte l’appel à candidatures de la résidence croisée proposée par Trempo et le collectif artistique Mengi (à Reykjavik en Islande), aux côtés de l’Islandais Snorri Hallgrimsson. En juin, Snorri vient le premier à Nantes, en résidence à Trempo. Par chance, le duo s’entend à merveille tant sur le plan artistique que personnel. « Humainement, on a eu un coup de cœur amical, mais ça c’est du bonus ! Et la semaine de son arrivée, on a trouvé un concert à Paris pour le Sofar Sound Paris ». Avec une facilité quasi-instantanée, les deux artistes collaborent sur un morceau de Snorri travaillé en seulement une heure.
Cet automne, c’est au tour de Cécile de partir pour trois semaines en Islande. « Je me sens extrêmement privilégiée. Une résidence de trois semaines en Islande, c’est unique : personne ne fait ça». Là bas, Cécile aura le champ libre. « J’ai envie de rencontrer des gens, saisir les opportunités qui se présenteront, avoir du temps pour me retrouver : c’est comme ça que je compose ».
Cécile s’est fixée deux objectifs : composer au minimum un nouveau morceau et l’adapter à un diffusion 360 lors du concert de fin de résidence. Pour voir ce live en France, il faudra patienter encore un peu… on se ferait bien petite souris pour la suivre, quitte à voyager en soute !
Nantes <> Reykjavik est un programme de résidence croisée imaginé par Trempo et le collectif artistique Mengi.
Il est soutenu par l’Institut Français à Paris, l’ambassade de France en Islande, l’Alliance Française de Reykjavik, STEF (Composer’s Rights Society of Iceland), le festival Iceland Airwaves, les Villes de Reykjavik et de Nantes.
Cécile Lacharme (Nantes) et Snorri Hallgrímsson (Reykjavik) ont été retenu·es suite à un appel à candidatures publié en janvier 2022.
Contact
Caroline Baudry
caroline@trempo.com