Espace d'émergences musicales

Être artiste aujourd’hui requiert de nombreuses compétences et connaître les potentialités de la composition par ordinateur peut se révéler un véritable atout pour développer sa créativité, gagner en efficacité et diversifier ses activités. Si l’ambition n’est pas nécessairement de devenir ingénieur·e du son, la maîtrise d’Ableton live permet au minima de pré-produire ses compositions et mettre en forme ses idées. Pour se lancer dans la création de votre studio virtuel, voici quelques conseils avisés…

1. Définir son intention

La compositrice prévient d’entrée de jeu : « Ableton est un outil de création très puissant, avec beaucoup d’éléments à tester : c’est super mais on peut aussi très facilement s’y perdre ! ». Au début de chaque projet, elle invite donc à poser à l’écrit ses intentions pour garder une certaine cohérence tout au long de l’écriture, l’arrangement et du mix : qu’est-ce que je veux dire ? Qu’est-ce que je défends ? De quelle manière ? Comment je souhaite que cela soit perçu ? Poser un cadre pour la composition à venir, « comme on planifie un voyage », pour poser le sens de départ, les étapes, et vérifier in fine que l’on a été dans la bonne direction, tout en s’autorisant bien sûr la possibilité d’évoluer et « de se perdre dans les ruelles »… À cela peut s’ajouter un moodboard visuel ou musical.

2. Préparer le terrain

C’est la réponse de Sonia Kiang pour faire face à la hantise de tout artiste : perdre son idée ! Celle qui est juste là, sur le bout de la langue ou des doigts… Comme un·e guitariste qui attraperait son instrument, allumerait son pedalboard et son ampli, elle invite à disposer d’un studio virtuel prêt à l’emploi pour enregistrer son idée brute le plus vite possible, avant que l’inspiration ne s’évapore ! Cela signifie donc, en amont de toute composition : prendre le temps de créer des templates (modèles) selon le type de projet (musique de film, podcast, chanson…) avec des pistes audio déjà routées et configurées (chant, batterie, instrument…) et d’avoir à disposition des presets permettant d’accéder rapidement à ses instruments et effets préférés.

Autre conseil : préparer des pré-réglages de mix pour retrouver rapidement son identité sonore, et colorer les pistes par familles d’instruments : « Cela permet de représenter visuellement qui fait quoi dans cette pièce virtuelle, afin que chacune puisse trouver sa place et être entendue ». Enfin, point basique mais essentiel : « Bien ranger sa chambre ! » c’est-à-dire formaliser une nomenclature et une arborescence claire, pour ne rien perdre…

3. Ne pas rester seul·e devant son ordi

À ce stade, Sonia Kiang prévient : « Quand on se lance dans la MAO, il est tentant de se dire que l’on va tout faire tout·e seul·e ». Pourtant, de son expérience, si les logiques financières nous poussent à tout porter à bout de bras – de la composition à la vente de merch – le travail en équipe peut apporter beaucoup. Elle invite donc à questionner dès le début les moyens que l’on peut dégager pour des collaborations : déléguer le mix, enregistrer des instruments en live… Autant de regards et d’expertises qui permettront de nourrir le projet et sortir un projet de meilleure qualité. C’est également un gain de temps et d’énergie qui permet de se concentrer sur son champ de compétence propre, tout en veillant à rester fidèle à son intention de départ. « Nous pouvons passer beaucoup de temps personnel sur un projet musical, autant lui donner le plus de chances possibles ! ».

4. S’amuser et sortir de la grille !

Sur le plan artistique, la compositrice invite à « ne pas être trop scolaire » ! Si Ableton live est un outil incroyable, « on cherche paradoxalement à garder un geste humain ». Sonia Kiang propose donc de s’amuser : sortir de la grille, réduire le métronome à 0, détourner l’utilisation de plug-ins pour découvrir des potentialités nouvelles, faire confiance à ses oreilles… Elle promet : « Cela ne va pas exploser, au pire cela va juste planter 😉 ». Une liberté qu’elle s’octroie notamment en musique de film où elle privilégie le lien à l’image, le sens ou le tempo mouvant.

De nombreuses ressources gratuites sont également disponibles en ligne. La musicienne conseille d’explorer notamment les packs (banque de sons, samples, instruments) disponibles sur le site d’Ableton et les plug-ins de Babyaud.io, Spitfire Audio (Labs et BBCSO Discover). La chaîne Youtube du musicien canadien Andrew Huang et sa série de contenus « 4 PRODUCERS FLIP 1 SAMPLE », où plusieurs producteur·ices exploitent de façon très différentes un même sample, est également une source d’inspiration :

5. Prendre soin de soi…

Sonia Kiang l’avoue, il s’agit du conseil « faites ce que je dis, pas ce que je fais ! ». Mais elle insiste cependant sur l’importance de prendre soin de sa santé mentale et physique. Tandis que l’on peut se retrouver plusieurs jours d’affilé scotché·e devant son poste de travail – coincé·e entre claviers, écrans, micro et instruments – elle invite « à prendre le temps de s’installer confortablement pour éviter une séance d’ostéo ! » et à s’imposer des pauses pour aller marcher et offrir du calme à ses oreilles… « Sortir du studio et faire autre chose est bénéfique pour avoir les idées plus claires, même si au premier abord on a l’impression de perdre du temps ». Elle propose également de varier les formats d’écoute pour allier détente et clairvoyance : aller se balader et écouter son dernier export au casque, s’installer sur le canapé et écouter son mix en sirotant un verre… Bref, s’offrir le luxe d’un peu de détente !

À vous de jouer !

Les prochaines formations avec Sonia Kiang : 

Créer en studio avec Ableton Live
Du 13 au 21 novembre 2025, Trempo
➝ Plus d’infos

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Rédaction : Julie Haméon